
Journal d'un catholique libertaire
Qui a pris ses distances vis à vis de l'Eglise, de sa hiérarchie et de son pouvoir

Le cri de Shiri et la conscience du monde
Jeudi 20 février 2025
Il est des images que l’on ne devrait jamais voir, des cris que l’on ne devrait jamais entendre. Ce hurlement maternel, ce cri arraché à l’horreur, à l’injustice absolue, il m’a traversé l’âme. Shiri Bidas, terrorisée, agrippant ses deux enfants, Ariel et Kfir, tandis qu'on les lui arrache, avant que la nuit du 7 octobre ne les engloutisse à jamais. Aujourd’hui, leurs dépouilles reviennent, livrées comme des reliques d’un martyre insoutenable. Je suis catholique et libertaire. J’ai cette double exigence chevillée au cœur : la foi en un Dieu d’amour et la passion de la liberté. Ce qui s’est produit ce jour-là et ce qui continue n’a rien à voir avec la justice, rien à voir avec la résistance, rien à voir avec quelque légitimité que ce soit. C’est la négation de l’humain. C’est un abîme de haine où l’on broie des vies innocentes. Et cette famille, qu’a-t-elle fait ? Rien, sinon exister, sinon vouloir vivre, sinon aimer. Où est passée notre conscience ? Comment peut-on contempler ces scènes et détourner les yeux ? Comment peut-on oser justifier, relativiser, arguer que ces atrocités seraient une réponse, un cycle, une fatalité ? Non, il y a un seuil au-delà duquel le mal ne peut être expliqué, il ne peut être que combattu. Et je parle ici en homme libre, refusant de plier devant les idéologies qui transforment les hommes en chair à canon, les enfants en boucliers, les mères en suppliciées. Le pauvre père, Yarden, qui a survécu à l’enfer, portera cette douleur jusqu’à son dernier souffle. Comme une plaie jamais refermée, un manque qui ne se comblera pas. Nous, que portons-nous ? Sommes-nous encore capables d’indignation, de pleurer avec ceux qui pleurent, de refuser l’inacceptable ? Il est temps de retrouver notre humanité. Car aujourd’hui, ce n’est pas seulement cette famille qui a été brisée. C’est l’honneur du monde.